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Enfants nomades d'Anklao

Sister Anita Dmello est médecin et responsable du dispensaire d’Anklao (Gujurat), là où le parrainage est né. En 2018 elle démarra un projet pour les enfants des populations nomades. Voici son rapport de mars 2019.

"Depuis quelque vingt ans, des groupes nomades issus du Rajasthan et du Nord-Gujurat séjournent à Anklao. Ils sont arrivés poussés par la sécheresse et autres phénomènes naturels, en quête d’eau pour survivre.

Ils font partie de trois groupes ethniques parmi les adivasis (population tribale, originaires du subcontinent). Les Rabari, pâtres de chèvres et de dromadaires, les Mal, réputés comme ‘magiciens’, et les Madaris, qui savent apprivoiser les serpents.

Avec leurs chèvres, dromadaires et serpents ils vivent dans des camps de tentes. Ces tentes sont exiguës, les sanitaires inexistants, l’hygiène y est déplorable et les mouches y foisonnent.

Pendant que les adultes cherchent du travail, les enfants mendient, ramassent du bois ou trient des ordures. Parfois ils reçoivent quelques roupies pour aller puiser de l’eau à la source voisine. Les familles sont nombreuses, les petites filles méprisées et données en mariage à un très jeune âge.

Un jour une femme Mal se présenta au dispensaire et l’on constata une tuberculose. Après plusieurs visites elle m’invita chez elle, ‘dans sa maison’. Je fus effrayée par ce que j’y vis: les enfants y couraient nus ou en guenilles, ils mangeaient des aliments couverts de mouches, dans la tente on apercevait des scorpions et des insectes venimeux...

J’ai immédiatement commencé à leur donner des leçons d’hygiène élémentaire, leur apprenant toutes les maladies transmises par une eau impure. Après un certain temps les enfants sont venus me trouver, en disant qu’ils voulaient apprendre à lire et à écrire. La plupart d’entre eux n’avait jamais vu une école. N’ayant pas d’acte de naissance ni de domicile, ils ne sont pas admis dans un établissement scolaire. Mais lorsqu’ils ont appris tout ce qui se passe à l’école, ils ont voulu 'être comme les autres enfants'.

J’ai obtenu l’autorisation de faire quelque chose pour ces enfants, et le 2 juillet 2018 tout a commencé. Accompagnés de leurs parents, une dizaine d’enfants entre 5 et 15 ans se sont présentés à l’école de la mission. Tous devaient littéralement commencer à zéro. Mais en à peine huit mois ils savent lire et écrire quelques mots en Gujurati, et certains connaissent déjà l’alphabet ‘anglais’. Ils ont aussi intégré quelques éléments de discipline: arriver à temps à l’école, avec des vêtements propres.

Les parents furent heureux et fiers de voir leurs enfants capables d’écrire leur nom et de déchiffrer des enseignes. Un jeune homme de 20 ans en fut tellement impressionné que depuis deux mois il s’est joint au groupe d’enfants pour apprendre…

Actuellement une quinzaine d’enfants de tous âges suivent cet apprentissage tous les jours de 8h30 à 10h45. Ils apprennent à lire, à écrire et à... chanter. Après chaque leçon ils reçoivent un paquet de biscuits qu’ils s’empressent de partager avec le reste de la famille.

A Noël je leur ai expliqué ce que signifiait cette fête et j'ai pu donner à chaque enfant un paquet de farine, un paquet de sucre, un kilo de riz, un litre d’huile et quelques friandises. Car la plupart des familles connaissent la faim.

Enseigner à ces enfants est un vrai challenge, qui requiert surtout de la patience et de la tendresse. Mais ils viennent à l’école avec tant de plaisir, sont si avides d’apprendre, si spontanés et ouverts… Leur manière de se mêler aux autres enfants, leurs sourires éclatants… Ce sont toutes de belles récompenses."

Il va sans dire que Shisha Seva s’est engagé à soutenir financièrement ce projet de Sister Anita.






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